Les maladies cardiovasculaires
Les maladies cardiovasculaires regroupent un ensemble de pathologies liées au cœur et aux vaisseaux sanguins : AVC (accident vasculaire cérébral), infarctus (ou crise cardiaque), angine de poitrine (douleur thoracique), etc.
Chez les personnes vivant avec le VIH, le risque de développer des maladies cardiovasculaires est deux fois plus élevé que dans le reste de la population. Il est donc important d’avoir un suivi médical régulier concernant votre santé cardiaque (taux de cholestérol, mesure de la tension artérielle, signes cliniques tels que fatigue ou essoufflement anormaux, etc.). Chez les personnes vivant avec le VIH, ces mesures font parties du suivi habituel, suivez donc les recommandations de votre médecin et modifiez votre mode de vie dans la mesure du possible afin de préserver votre santé.
Quels sont les facteurs de risque ?
Ces facteurs augmentent le risque de développer une maladie cardiovasculaire. Certains sont spécifiques à votre séropositivité, d’autres sont liés à votre hygiène de vie, pour d’autres, il n’y a rien que vous puissiez faire, comme l’hérédité, l’âge ou le sexe.
Les facteurs de risque liés à votre séropositivité
L’inflammation chronique
L’infection par le VIH provoque une inflammation chronique qui contribue à l’endommagement des vaisseaux et donc au développement de maladies cardiovasculaires. Votre traitement antirétroviral va contribuer à réduire cette inflammation, sans en supprimer complètement les risques. Il est donc important de tenir compte de votre infection au VIH lorsque vous êtes suivi·e pour votre cœur, car vous pouvez avoir une bonne hygiène de vie mais présenter malgré tout une inflammation résiduelle qui impacte le système cardiovasculaire.
Des taux de lipides anormaux
Les lipides, ce sont des graisses contenues dans le corps. Chez certaines personnes vivant avec le VIH, ces lipides sont à des taux élevés dans le sang, ce qui contribue à augmenter le risque de maladies cardiovasculaires. C’est particulièrement le cas lorsque votre infection au VIH n’est pas traitée par un traitement antirétroviral. Certains médicaments peuvent également augmenter votre taux de cholestérol.
Quels sont ces lipides ?
Cholestérol HDL (ou « bon » cholestérol) : c’est celui qui ne reste pas dans les vaisseaux et va se dégrader dans le foie.
Cholestérol LDL (ou « mauvais » cholestérol) : ce lipide peut s’accumuler dans les artères et causer des problèmes cardiaques.
Le taux de cholestérol total est la somme des deux. L’important est qu’il y ait un certain taux de « bon » cholestérol et un taux limité de « mauvais » cholestérol dans le sang :
- le cholestérol total < 190 mg/dl
- le LDL-c < 100 mg/dl • le HDL-c > 45 mg/dl
- les triglycérides < 150 mg/dl
Triglycérides : un taux trop élevé de ce lipide peut augmenter votre risque de maladies cardiaques, surtout si vous avez un surplus de poids ou souffrez d’hypertension.
Les traitements antirétroviraux
Même si certains antirétroviraux sont mis en cause dans l’augmentation du taux de lipides (c’est le cas de certains inhibiteurs de la protéase), prendre un traitement anti-VIH aura pour effet global de préserver votre système cardiovasculaire.
Si votre médecin spécialiste du VIH soupçonne votre traitement d’être la cause de vos troubles cardiovasculaires, il·elle pourra généralement vous en proposer un autre jusqu’à trouver la combinaison de médicaments qui agira efficacement sur le VIH tout en causant le moins d’effets secondaires possible.
Les facteurs de risque liés à votre hygiène de vie
- le tabagisme
- le cholestérol
- le manque d’exercice (un mode de vie sédentaire)
- l’obésité
- L’alimentation
- le stress
- la consommation de substances nocives comme la drogue ou l’alcool
- les troubles du sommeil
Par ailleurs, l’hypertension et le diabète peuvent être favorisés par une mauvaise hygiène de vie.
Pour réduire ces risques, vous pouvez :
Arrêtez de fumer
Le tabagisme est la première cause des maladies cardiovasculaires chez les personnes vivant avec le VIH. Il provoque une inflammation chronique des vaisseaux sanguins et du cœur et aggrave l’inflammation causée par le VIH. Le tabagisme épaissit la paroi des artères, un épaississement responsable d’accidents cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux qui surviennent le plus souvent chez des sujets encore jeunes. Arrêter de fumer sera donc toujours bénéfique pour votre santé. Si vous souhaitez arrêter, vous pouvez demander rendez-vous avec le·la tabacologue de votre centre de référence VIH ou vous tourner vers Tabacstop.
Contrôlez votre tension artérielle
Vous pouvez faire mesurer votre tension artérielle lors de chaque rendez-vous médical. Si celle-ci est trop élevée, votre médecin pourra vous proposer un traitement adapté, vous pouvez également agir sur votre hygiène de vie : avoir une vie plus active, arrêter de fumer, manger moins de sel, récupérer un poids santé, etc. En effet, l’hypertension a pour effet de multiplier les risques d’accidents cardiaques.
Soigner votre cholestérol élevé
Le cholestérol est amené du foie vers les artères par le LDL, et est ensuite ramené des artères vers le foie (pour ensuite être transformé et éliminé) par le HDL. Si les taux de ces deux protéines sont anormaux, le cholestérol est susceptible de se fixer dans les parois des artères et de former des adhérences, contribuant à la formation de caillots qui peuvent les boucher et être à l’origine d’infarctus ou d’attaques cérébrales. Outre le fait de vérifier que votre traitement antirétroviral n’est pas responsable de ce cholestérol trop élevé, vous pouvez agir sur votre alimentation pour faire baisser votre cholestérol : consommer moins de matière grasse (surtout les graisses saturées comme les graisses d’origine animales ou solides comme la margarine), moins de sucre, plus de fruits, de légumes et de céréales complètes, faire davantage d’activité physique et ne pas fumer. Votre médecin pourrait également vous conseiller de prendre un traitement pour réduire ce taux de cholestérol. Certaines personnes vivant avec le VIH prennent des statines afin de réduire le risque de maladies cardiovasculaires. Demandez conseil à votre médecin spécialiste du VIH.
Faites régulièrement de l’exercice
L’exercice régulier renforce le cœur, réduit la tension artérielle, améliore les taux de cholestérol, réduit le stress, facilite le maintien d’un poids santé et peut réduire la résistance à l’insuline et améliorer la glycémie.. C’est prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, marcher plutôt que de prendre la voiture, faire une activité en plein air plutôt que de rester enfermé chez soi. Faire de l’exercice plus régulièrement, c’est par exemple marcher 30 minutes, ou trois fois dix minutes, faute de mieux, plusieurs fois par semaine.
Maintenez un poids santé
Pour vous situer sur votre poids, vous pouvez calculer votre indice de masse corporelle (IMC). Ce calcul, qui ramène le poids à la surface corporellese fait à titre indicatif. En effet, l’IMC ne tient pas compte de la répartition muscles-graisse. Pour approfondir la question, prenez rendez-vous avec le·la diététicien·ne de votre centre de référence VIH. L’excès de graisse, surtout abdominale, est associé à un risque accru de maladies du cœur. Il y a danger lorsque le tour de taille dépasse 80 cm chez une femme et 94 cm chez l’homme. Dans ces cas-là, il est souhaitable de consulter pour établir avec précision son profil de risque cardiovasculaire. Vous pourriez ainsi être atteint·e d’un syndrome métabolique si, en plus de votre tour de taille important, vous avez : une élévation des triglycérides à jeun, une diminution du cholestérol HDL, une augmentation de la pression artérielle, une élévation de la glycémie à jeun. A indice de masse corporelle égal, ces troubles métaboliques sont plus fréquents chez les personnes vivant avec le VIH que dans la population générale.
Réduisez les risques liés à votre diabète
La fragilité cardiovasculaire du diabétique s’explique de deux façons. D’une part, l’excès de glucose dans le sang favorise le dépôt de produits anormaux dans pratiquement tous les vaisseaux et les fragilisent. D’autre part, le diabète augmente le risque d’hypertension artérielle, d’athérosclérose, de maladies coronariennes et d’accident vasculaire cérébral. Ces troubles peuvent de plus être silencieux. C’est pourquoi la santé cardiaque doit être prise en compte chez tous les diabétiques. En tant que diabétique, votre traitement aura une action sur le taux de sucre présent dans votre sang, mais il est également important d’avoir une bonne hygiène de vie afin de réduire les risques cardiovasculaires.
Adoptez une alimentation favorisant la santé du cœur
Une alimentation équilibrée et variée contribue à votre santé globale et à votre sentiment de bien-être, ainsi qu’à la santé de votre cœur : Une alimentation équilibrée s’apparente à une alimentation de type méditerranéen, c’est-à-dire : restreinte en graisses animales et en sucreries, privilégiant les fruits et les légumes frais, les féculents et le pain complet, utilisant préférentiellement l’huile d’olive et de colza et préférant les poissons aux viandes. Il n’est pas question de se “priver”, mais bien au contraire d’avoir des repas variés. Vous pouvez vous adresser à le·la diététicien·ne de votre centre de référence VIH pour adopter le régime le plus adapté à votre situation.
Limitez le plus possible votre niveau de stress
Vivre avec le VIH peut être source de stress, en plus des autres événements et pression de la vie. Des pratiques de bien-être existent pour vous soulager : méditation, massage, yoga, qi gong, respiration. Si vous êtes déprimé·e ou que vous vous sentez seul·e, cherchez du soutien. Le·la psychologue de votre centre de référence VIH pourra vous aider, ainsi que les associations de lutte contre le VIH.
Évitez les substances nocives susceptibles de nuire au cœur
De manière générale, mieux vaut éviter de consommer des drogues ou de boire de l’alcool. La cocaïne, les amphétamines (speed), le crystal meth, l’héroïne et l’ecstasy peuvent tous augmenter la tension artérielle, accélérer la fréquence cardiaque et rétrécir les vaisseaux sanguins, de sorte que le risque de crise cardiaque augmente considérablement. Des études récentes indiquent que la consommation d’alcool ne présente aucun effet bénéfique sur la santé, même en quantité modérée. Les effets néfastes de l’alcool sur le cœur et les vaisseaux sanguins est réelle, il est faux de dire qu’une consommation modérée est un facteur de protection contre les maladies cardiovasculaires. Si vous souhaitez arrêter votre consommation de drogue et d’alcool, vous pouvez en parler à votre médecin, et/ou vous diriger vers des structures comme infordrogues.be et aide-alcool.be.
Le sommeil est un élément à prendre en compte pour la santé cardiovasculaire
Par exemple, dans le syndrome d’apnée du sommeil (interruption de la respiration pendant le sommeil), le cœur est obligé de travailler davantage pour apporter de l’oxygène dans le corps. A long terme, ce trouble, s’il n’est pas traité, peut conduire à l’hypertension, l’arythmie (rythme anormal), les maladies cardiaques et même l’insuffisance cardiaque. L’insomnie et le syndrome des jambes sans repos (envie irrésistible de bouger ses jambes en période de repos), même si moins à risques, peuvent également augmenter le risque d’hypertension, d’arythmie et de maladies cardiaques, à cause de l’état de stress provoqué par un sommeil de mauvaise qualité.
Reconnaitre les signes d’une maladie cardio-cérébro-vasculaire qui nécessite une prise en charge urgente
L’infarctus du myocarde (muscle du cœur)
L’infarctus du myocarde est la conséquence de l’obstruction d’une artère coronaire suite à la formation d’un caillot sanguin. Une partie du cœur n’est plus irriguée et le muscle cardiaque meurt.
Réagissez aux symptômes suivants :
- Douleur thoracique constrictive dans le thorax (comme un étau), avec irradiation éventuelle dans le cou, le dos, la mâchoire
- Douleur ou gêne dans l’épaule gauche ou bras gauche
- Essoufflement
- Fatigue intense
- Angoisse, nausées, vomissements
En cas de crise cardiaque chez la femme, les symptômes les plus fréquents (et connus) sont des douleurs brutales dans la partie supérieure du corps comme le thorax, le cou, la mâchoire ou les bras (en particulier le côté gauche du corps).
Ces symptômes sont cependant variables. En particulier, les femmes ont tendance à éprouver des symptômes également très soudains mais plus vagues comme des nausées, de la fatigue, une contraction de la mâchoire, et ne ressentent parfois pas de douleur thoracique particulière.
L’accident vasculaire cérébral (AVC)
Lors d’un AVC, une partie du cerveau ne reçoit plus de sang, car une artère est bouchée ou rompue. Une partie du cerveau non-irriguée pendant un AVC est en danger de destruction : les cellules privées de sang et d’oxygène meurent en effet.
Réagissez aux symptômes suivants :
- Visage tombant d’un seul côté, bouche de travers
- Trouble de la parole
- Le bras et/ou la jambe sont paralysés
- Vertiges, troubles de la vision, maux de tête
L’artériopathie périphérique ou l’artérite des membres inférieurs
C’est la conséquence de l’obstruction d’une artère des membres inférieurs : une partie des muscles des membres inférieurs manque alors d’oxygène ou en est totalement privée.
Réagissez aux symptômes suivants :
- Douleur continue au niveau du mollet lors de la marche
- Impression que ce dernier est serré dans un étau
- La douleur disparaît à l’arrêt
Si vous éprouvez l’un de ces symptômes, composez immédiatement le 112 où utilisez l’application 112 qui saura vous géolocaliser automatiquement.
Pour plus d’information sur les maladies cardiovasculaires, consultez le site de la Ligue cardiologique belge.