L’amour et l’estime de soi : des clés pour mieux vivre avec le VIH
C’est quoi l’estime de soi ?
«L’estime de soi est la capacité à être conscient de ses forces, de ses valeurs, de ses atouts avec réalisme, pour être ensuite capable de les mobiliser dans les projets importants pour nous. « C’est aussi la capacité à aimer nos parts d’ombre, nos failles, nos moments de doute et de les accueillir sans les juger ou les critiquer » complète Amandine Ruas, thérapeute.
C’est quoi l’amour de soi ?
« L’amour de soi correspond à la capacité à s’aimer inconditionnellement. Il renvoie à cette possibilité de s’auto-apaiser et de prendre soin de soi, indépendamment des circonstances.»
(Source : https://www.la-clinique-e-sante.com/blog/confiance-estime/retrouver-amour-de-soi)
Les personnes vivant avec le VIH notamment les plus vulnérables, n’ont souvent pas ou peu d’estime et d’amour d’elles-mêmes, alors que les deux sont considérés comme des facteurs clés du bien être psychologique et d’une bonne santé. Leur faible estime de soi et par conséquent peu d’amour de soi est dû à leur parcours de vie difficile et leur statut sérologique.
L’estime et l’amour de soi sont des facteurs clés du bien être psychologique et favorisent également la relation et la communication avec les autres. La stigmatisation et les rejets auxquels font face les PVVIH dans leur environnement de vie ou de fréquentation renforcent souvent la mauvaise estime de soi et peuvent conduire à l’auto stigmatisation et au repli sur soi. Certain.es restent dans la culpabilité, le déni ou continuent de considérer le VIH/Sida comme une maladie honteuse qui les maintient isolée et qui les empêche de mener une vie normale et épanouie. Ce qui a des conséquences sur leur qualité de vie, leur bien-être, leur vie sociale, affective et sexuelle.
En tant que personne vivant avec le VIH, l’acceptation de soi est une piste pour aller de l’avant et lutter contre le renfermement et l’auto-stigmatisation. A l’heure où le principe de i=i (intransmissible= indétectable) a fait ses preuves pour empêcher la transmission du VIH, il est temps que les esprits soient aussi libérés pour une reprise de la confiance en soi et une bonne estime de soi.
A travers cet article nous aimerions t’inviter à réfléchir en tant que personne vivant avec le VIH sur ta relation avec toi-même ou avec les autres pour ton bien être et ton équilibre émotionnel mais également pour le bien de ta santé globale. Nous te partageons également le point de vue d’autres PVVIH que nous accompagnons sur ce sujet suite à une réflexion de groupe lors d’un séjour résidentiel organisé au mois de juin et qui pourraient sans doute t’inspirer ou te faire réfléchir !
«Relation avec soi et les autres en tant que PVVIH » : témoignages et réflexion du groupe Mandela par rapport à l’amour et l’estime de soi.
- «Je ne m’aime pas , je ne suis pas fière de ça .»
- «Le regard que j’ai sur moi est compliqué, je ne m’aime pas assez.»
- «Je m’aime beaucoup et je suis très influençable, je ne sais pas dire non , je me retrouve dans le mensonge pour ne pas dire non »
- «Mon prochain est toujours avant moi, je n’ai pas le droit d’ être la première; je dois servir quelqu’un.e .»
- «Je n’ai jamais cessé de m’aimer mais je n’ai pas toujours confiance en moi.
- «L’acceptation et le jugement qu’on porte sur soi dépendent de ce que l’on pense de soi»
- «Je m’ en fou que ça se sache dans ma communauté mais pas au travail »
- «Nous avons le droit de vivre, nous ne sommes pas malades, on combat pour la vie, on n’est pas obligé de le dire, on est en bonne santé»
- «Si tu as une mauvaise estime de toi, tu ne vas jamais t’aimer»
- «Continuer à cacher ma séropositivité ça m’aide, je vis en meilleure santé dans le déni »
- «Discrimination dans le milieu médical reste inacceptable»
Pistes de solutions pour maintenir son bien-être et améliorer son estime de soi
- « Il est important de se connaitre et de s’accepter »
- « Prendre des vacances. »
- « Se promener, faire des courses, se balader. Et quand j’ai quelque chose qui me trotte dans la tête, je vais à l’église pour prier. »
- « Prendre mon destin en main, prendre les médicaments, ne pas hésiter à sortir, avoir des moments de détente avec les enfants. »
- « Avoir la détermination peut aider à surmonter les choses au lieu de les banaliser »
- « Danser seule, chanter, être avec des gens, m’offrir des moments comme ce séjour résidentiel »
- « Observer la nature, les fleurs, aller voir les gens »
- « Quand je suis en stress, je préfère être seule et écouter la musique. »
- « Faire du sport, du Gi Gong, me détendre, me rendre utile pour les autres, visiter les malades »
- « Me faire plaisir, m’ offrir un cadeau même s’il est hyper cher, ça me rend tellement heureuse »
- « Je joue la comédie. Je rigole seule »
- « S’offrir un bain relaxant à la lavande, bien manger, sortir avec des copines »
- « Sortir, voyager, aller au restaurant tout en respectant mes moyens, ma croyance aussi m’aide, être avec des amis pour les écouter.»
- « Respecter mes engagements »
- « Formations des relais pour les pairs VIH est nécessaire »
- « Je dois apprendre à dire non, je donne beaucoup aux autres et il y a parfois des déceptions »
- « La question de mettre des limites peut susciter des sentiments d’égoïsme opposé à l’oubli de soi ; il faut trouver un équilibre ou un juste milieu »
- « Participer au groupe de parole dans les associations qui aident les PVVIH »
- « Faire la part des choses du pourquoi on va le dire »
- « Faire la petite fourmi , se mettre du côté de l’autre pour déconstruire les idées et mettre en avant le respect de l’autre »
- « Les stigmatisations existeront toujours, c’est pour cela qu’ il faut voir avec qui parler et pour quelle raison »
- « Continuer à lutter contre les tabous qui empêchent l’épanouissement »
Peut-être que tu te sens comme eux .elles, mais le plus important est que le VIH ne soit pas un frein pour t’aimer ou être en paix avec toi-même et d’avoir une meilleure estime de toi. Dis-toi que tu es une personne à part entière avec des qualités, des valeurs et des capacités et que le VIH ne t’identifie ou ne te caractérise pas. Peut-être que ton corps a changé à cause des effets secondaires des traitements mais il est encore possible de réapprendre à l’aimer comme il est et d’en prendre soin. Peut-être que tu penses être passé.e à côté de ta vie, saches qu’il n’est jamais tard pour rebondir et mobiliser les capacités de résilience qui sont en toi et aller de l’avant. Il est possible aussi de te faire accompagner par des professionnel.les (médecins, psychologues, etc.) qui pourront t’aider à te retrouver et te réconcilier avec toi-même.