Allaiter quand on a le VIH

En Belgique, il n’est actuellement pas recommandé aux mamans vivant avec le VIH d’allaiter leur bébé.

C’est toutefois possible, à condition que la discussion soit entamée entre les parents et les professionnel·les de la santé qui vous accompagnent, au plus tôt du projet de naissance (infectiologue, gynécologue, sage-femme, pédiatre). Vous devez en effet être tenue au courant de tous les risques pour faire un choix éclairé, et cette décision doit être inscrite dans votre dossier médical.

Quels sont les risques de transmission au bébé durant la grossesse ?

Avant l’accouchement :

  • Le risque de transmission du VIH est nul si la charge virale est indétectable dès avant la grossesse et durant toute la durée de la grossesse jusqu’à l’accouchement. En conséquence, on ne donne plus d’office de traitement préventif par sirop d’AZT (monothérapie) au bébé le premier mois (prophylaxie post exposition). Le choix de donner ou pas de prévention au bébé est discuté pendant la grossesse avec les futurs parents.
  • Il y a un risque intermédiaire de transmission du VIH si la charge virale est détectable à un moment de la grossesse, mais qu’elle devient indétectable avant et pendant l’accouchement. Dans ce cas, on donne le traitement préventif par sirop d’AZT au bébé le premier mois de vie.
  • Il y a un risque élevé de transmission du VIH si la charge virale est détectable avant la naissance ou pendant l’accouchement. Dans ce cas, les médecins recommandent une césarienne programmée à 38 semaines et on donne une trithérapie au bébé (AZT+3TC+NVP) durant le premier mois de vie.

Pendant l’allaitement :

Contrairement à la grossesse, si la charge virale est parfaitement indétectable sous traitement, il existe un risque faible de transmettre le VIH à son bébé pendant l’allaitement même : les études montrent 3 transmissions du VIH pour 1000 bébés (0,3%) allaités à 6 mois du vie avec des mamans ayant une charge virale indétectable sous traitement. Bien que ce risque soit faible, il est donc médicalement déconseillé d’allaiter son bébé en Europe, car l’alternative de nourrir son bébé par du lait artificiel est sûr. Dans les pays à ressources limitées avec des problèmes d’accès à l’eau potable, l’allaitement par lait artificiel n’est pas sur et entraîne des cas des diarrhées sévères très fréquemment (30%), raison pour laquelle, notamment en Afrique sub-saharienne, l’allaitement du bébé est conseillé même en cas de VIH.

En Europe et en Belgique, les soignant·es abordent ces questions avec les futurs parents : si, après ces explications, la maman souhaite allaiter, il est proposé de le faire en respectant différentes règles (voir ci-dessous) et avec un suivi médical rapproché afin de minimiser les risques de transmission du VIH au bébé. Il est donc important d’être suivie de prêt si vous décidez d’allaiter, ce qui est parfaitement votre droit.

Quels sont les risques d’allaiter pour le bébé ?

Outre le risque de transmission du VIH, le bébé est exposé au traitement antiviral de la maman qui passe dans le lait avec des effets secondaires aux médicaments possibles.

Si le bébé est infecté durant l’allaitement, il peut avoir développé des résistances au traitement que prenait la maman, car celui-ci passait dans le lait.

Comment se déroule le parcours pour allaiter ?

Vous serez invitée par votre équipe médicale à vous demander pourquoi vous souhaitez allaiter : certaines personnes pensent qu’allaiter est meilleur pour la santé de l’enfant, mais les études faites en Europe montrent que le développement des enfants nourris avec du lait en poudre est le même que ceux qui sont allaités. Certaines mamans craignent le coût du lait en poudre. En Belgique, celui-ci peut être remboursé pour des raisons médicales, comme dans le cas de la prévention de la transmission du VIH. D’autres mamans souhaitent allaiter pour mieux créer un lien avec l’enfant ou par peur que l’on pose des questions sur les raisons de ne pas allaiter.

Après avoir discuté avec les professionnel·les de la santé, l’équipe médicale sera à l’écoute des souhaits de la maman et la soutiendra en lui proposant un encadrement pour que l’allaitement se passe bien, que la charge virale reste indétectable et que le risque de transmission du VIH soit le plus faible possible.

Si la maman choisit d’allaiter, il faut respecter plusieurs règles :

  • Avoir une charge virale indétectable le plus tôt possible dans le projet de naissance.
  • Ne jamais arrêter les antirétroviraux, même après l’accouchement.
  • Allaiter de façon exclusive : en effet l’allaitement mixte (avec complément de lait en poudre ou panade) crée une inflammation du tube digestif du bébé et augmente le risque d’acquisition du VIH.
  • Allaiter pendant la période la plus courte et maximum 6 mois (le risque augmente, de 3 transmissions VIH par 1000 bébés allaités pendant 6 mois à 7 pour 1000 bébés allaités pendant 12 mois).
  • Surveillance médicale de la mère et de l’enfant avec prises de sang toutes les 6 semaines pour mesurer la charge virale chez la maman et détecter le VIH chez le bébé pendant l’allaitement, puis des tests sont encore effectués chez le bébé 3 mois après le sevrage, enfin un dernier test est effectué à ses 20 mois.

L’équipe médicale propose aussi que la future maman soit suivie par une sage-femme spécialisée en allaitement, qui pourra prodiguer des conseils pour qu’il n’y ait pas d’inflammation des seins de la maman (engorgement, mastite, etc.) et donner des alternatives (comme donner du lait de la maman préalablement congelé).

Au bout de l’allaitement exclusif, l’équipe médicale accompagne vers le sevrage et la fin de la lactation.

Qu’en est-il du futur Papa ?

Si le futur papa est impliqué dans la grossesse, il est important qu’il puisse recevoir toutes les explications de l’équipe médicale et qu’il participe à la prise de décision d’allaiter ou pas son futur enfant.